jeudi 2 août 2012

Les oiseaux de proie à Montréal

Depuis que j'écris ce blog, il m'est arrivé à plus d'une reprise d'aider quelqu'un à identifier un oiseau de proie. On pense souvent avoir affaire à un faucon pèlerin, mais dans la grande majorité des cas, il s'agit plutôt d'une autre espèce. J'ai donc pensé vous donner quelques trucs pour distinguer les différentes espèces de rapaces susceptibles d'êtres observées en ville. Je ne suis pas biologiste ni ornithologue professionnelle, j'essaierai simplement de décrire les oiseaux en termes faciles à comprendre pour les néophytes. Dans cet article, je décris les critères les plus évidents pour distinguer les espèces selon moi, mais je vous invite à vous faire vos propres trucs en observant les photos. Il faut cependant garder en tête que le plumage peut varier entre les individus d'une même espèce, par exemple si l'oiseau est en transition entre le plumage juvénile et adulte, et si évidemment vous observez un oiseau mouillé !

Le faucon pèlerin (34 à 58cm)

Le premier critère à considérer est l'endroit où on voit l'oiseau. Il est extrêmement rare de voir un faucon pèlerin dans un cour de résidence privée, ou attaquer des oiseaux aux mangeoires. Il préfère se tenir en hauteur et surveiller les proies potentielles qu'il attrapera au vol. Les grattes-ciels, structures en béton, ponts, falaises, carrières et les gros arbres sur le bord d'un cour d'eau sont des endroits propices pour apercevoir un faucon pèlerin.
Si vous croyez observer un faucon pèlerin adulte, il aura toutes ces caractéristiques:
  1. Dos et ailes gris/bleu
  2. Ventre blanc crème avec petites taches grises formant un motif horizontal
  3. Cire du bec, pattes et contour des yeux jaune vif
  4. Yeux noirs
  5. Larges favoris gris bien délimités au niveau des joues (ou moustache)
Faucon pèlerin adulte (Photos: Eve Bélisle)


En vol, la silhouette du faucon pèlerin se distingue par ses ailes pointues (les silhouettes des oiseaux en vol ont été tirées du document A Guide for Hawks Seen in North America):
Faucon pèlerin
Le plumage du juvénile est assez différent de celui de l'adulte. Par contre, les favoris sont déjà présents et l'oeil est noir comme l'adulte.
  1. Dos brun foncé
  2. Ventre brun clair avec taches brunes foncées de grosseur moyenne formant un motif vertical
  3. Cire du bec et contour des yeux gris (les pattes peuvent être jaunes ou grises)

Faucon pèlerin juvénile (Photo: Eve Bélisle)

Le faucon émerillon (24 à 33cm)

Ce faucon est probablement celui qu'on confond le plus souvent avec un pèlerin. Le plumage du faucon émerillon est semblable à celui du pèlerin juvénile: dos brun foncé (ou grisâtre chez le mâle), ventre brun clair ou crème avec des taches formant un motif vertical. Par contre, le faucon émerillon est plus petit que le faucon pèlerin et sa silhouette est différente: son bec semble beaucoup plus petit par rapport à sa tête que chez le pèlerin:

De plus, la cire du bec et le contour des yeux est toujours jaune (1), même chez les juvéniles, contrairement au pèlerin juvénile chez qui c'est grisâtre. L'émerillon se reconnaît également par son sourcil blanc (2). Les favoris (moustache) de l'émerillon sont beaucoup moins bien définis que ceux du pèlerin, et plus minces également (3).

Faucon émerillon (Photo: Pierre Bannon)
Faucon émerillon (Photo: Raymond Belhumeur)

Contrairement au faucon pèlerin qui niche la plupart du temps à flanc de falaise ou sur une structure comme un édifice ou un pont, le faucon émerillon apprécie le sommet d'un gros conifère. Il est très commun à Montréal dans presque tous les quartiers. Voici sa silhouette en vol, notez les ailes pointues comme le faucon pèlerin :
Faucon émerillon

La crécerelle d'Amérique (19 à 21cm)

La crécerelle est un tout petit faucon, à peine plus gros qu'un merle. On la distingue par ses couleurs vives, en particulier chez le mâle. Son dos est brun roux (1) et ses ailes sont grises (2).    
Crécerelle d'Amérique mâle (Photo: Raymond Belhumeur)
La femelle a le dos roux rayé de noir (3). La tête des deux sexes est très colorée, avec une calotte grise (4) et deux favoris noirs (5).
Crécerelle d'Amérique femelle (Photo: Pierre Bannon)
La crécerelle niche dans une cavité naturelle, dans une structure humaine ou un nichoir. Elle se nourrit de petits oiseaux et petits rongeurs et même de gros insectes. On peut l'observer faire du surplace au dessus des champs en été ou chasser dans votre cour les oiseaux aux mangeoires. Voici sa silhouette en vol, notez les ailes pointues comme les deux autres faucons :
Crécerelle d'Amérique

L'épervier de Cooper (35 à 46cm) et l'épervier brun (23 à 37cm)

Ces deux éperviers sont communs à Montréal. Le plumage des deux espèces est pratiquement identique. Les adultes ont le dos gris (1), le ventre crème avec des motifs roussâtres (2) et les yeux orangés/rouges (3). La queue est longe et grise avec de larges rayures horizontales plus foncées (4).
Épervier de Cooper (Photo: Eve Bélisle)
Les juvéniles et jeunes adultes ont les yeux jaunes. Le plumage lors de la première année est assez différent de celui des adultes, avec un dos brun et des rayures brunes verticales sur le poitrail. Notez que ni l'adulte ou le juvénile ne possède de favori sur la joue contrairement aux faucons.
Épervier de Cooper juvénile (Photo: Pierre Bannon)
Pour différencier les éperviers de Cooper et bruns, mis à part la grosseur, il existe quelques petits trucs, le plus évident étant la forme du bout la queue: ronde chez le Cooper et carrée chez le brun. Je vous invite à consulter ce lien pour une explication détaillées (en anglais) des autres différences.

(Photos: Raymond Belhumeur)
Les deux espèces apprécient les quartiers avec beaucoup d'arbres matures et construisent un nid de branches dans un feuillu ou un conifère. Pour la silhouette en vol, notez encore une fois la différence dans la forme de la queue entre les deux espèces. Pour les deux, leurs ailes sont arrondies aux extrémités plutôt que pointues.
Épervier de Cooper
Épervier brun

La buse à queue rousse (45 à 65cm)

Cette buse se voit occasionnellement en ville, mais elle est beaucoup plus commune en banlieue et à la campagne. Si vous voyez un oiseau de proie perché dans un arbre près d'une autoroute, il y a une très grosse chance qu'il s'agisse d'une buse à queue rousse. Il y a beaucoup de variations dans le plumage entre les individus, par contre tous les adultes arborent une queue bien rousse (visible de dos) comme l'indique leur nom. Attention, car la queue du juvénile est plutôt brune et rayée. Cette buse a l'oeil jaune (1) et son ventre/poitrail est blanc, mais un trait caractéristique de l'espèce est une bande foncée horizontale (2).
Buse à queue rousse (Photo: Raymond Belhumeur)

Les individus plus âgés en particulier peuvent avoir le ventre beaucoup plus pâle que celui sur la photo et paraître même presque blanc. Voici sa silhouette en vol, notez la queue courte et les ailes arrondies avec des plumes évidentes, comme des "doigts" aux extrémités, contrairement aux ailes effilées des faucons.
Buse à queue rousse

L'urubu à tête rouge (62 à 81cm)

L'urubu à tête rouge est un des plus gros oiseaux du Québec. Perché, on peut difficilement le confondre avec une autre espèce, en raison de sa tête rouge dénudée, très facile à distinguer. 
Urubu à tête rouge (Photo: Raymond Belhumeur)

Par contre, en vol, c'est un peu plus difficile. On l’aperçois la plupart du temps planer sans battre des ailes, souvent en groupe de deux ou plus. Lorsqu'il flotte dans l'air on le voit ballotter comme s'il essayait de garder son équilibre.

Urubu à tête rouge

Urubu à tête rouge (Photo: Eve Bélisle)

Conclusion

Souvenez-vous : un oiseau avec des ailes pointues en vol et un oeil noir appartient à la famille des faucons (pèlerin, émerillon ou crécerelle) tandis qu’un oiseau avec des ailes arrondies et un oeil rouge ou jaune sera un épervier ou une buse.

J'espère que cet article vous aidera à identifier les oiseaux de proie que vous pourrez apercevoir à Montréal ou dans votre coin de pays. Évidemment, d'autres espèces peuvent être vues en ville, comme la buse à épaulette qui a niché dans le passé sur le Mont-Royal. Vous pouvez observer également le pygargue à tête blanche au dessus des cours d'eau et d'autres rapaces en vol, surtout en période de migration. Un bon guide d'identification peut vous aider si vous désirez en apprendre plus. On en trouve dans toutes les bonnes librairies mais le Centre de Conservation de la Faune Ailée à Montréal offre la plus grande sélection.

Si vous avez des questions, n'hésitez-pas à laisser un commentaire!

MERCI!! à Raymond Belhumeur et Pierre Bannon pour m'avoir donné la permission d'utiliser leurs magnifiques photos (les liens conduisent vers leurs galerie web).